L’exploitation agricole.
Agriculteurs de père en fils depuis 1960.
Durant les premières décennies du XXe siècle, l’agriculture haut-rhinoise reste faite de petites fermes d’autosubsistance. Dans ce cadre contraint, marqué par des aléas climatiques et économiques, les sept frères — futurs fondateurs du GAEC devenu ensuite EARL Sainte-Anne — s’ancrent dans la Hardt et traversent les épreuves avec discrétion.
Entre 1900 et 1930, les aînés travaillent comme mineurs de fond aux Mines de potasse d’Alsace (MDPA). Après 1930, les plus jeunes s’orientent vers l’agriculture et s’installent sur les terres de Sermensheim, ancien hameau détruit en 1348 par la peste noire. Longtemps délaissées, ces parcelles étaient jugées trop dures, très abrasives pour les outils de sol, stériles. Les sols, caillouteux et sableux, à faible rétention d’eau et pauvre en matière organique, exigeaient amendements réguliers, fertilisation raisonnée et une pluviométrie conséquente.
De 1930 à 1970, la fratrie construit une agriculture patiente et adaptative. Profitant des progrès agronomiques d’après-guerre, elle participe aux premiers essais et à la diffusion des variétés hybrides de maïs mises au point par l’INRA. Pour sécuriser les rendements dans la Hardt sèche, les frères creusent leurs premiers puits en 1959 et introduisent les premiers systèmes d’arrosage en Alsace, stabilisant ainsi la production.
La finalité demeure locale : les céréales nourrissent volailles et moutons vendus en direct, ce qui consolide l’autonomie de l’exploitation et les liens de proximité. Portés par une exigence de qualité, les frères construisent aussi un séchoir à céréales qui restera quelques temps le plus imposant du Haut-Rhin, afin de maîtriser l’humidité et préserver la récolte dans le temps.
Au début des années 1970, une nouvelle impulsion apparaît : l’exploitation étend son savoir-faire en prestations pour les exploitants du département : semis, apports d’engrais, récolte mécanisée. Cette activité perdure jusqu’en 2005. Les descendants des fondateurs, tandis que la génération précédente prend sa retraite dans les années 1980, se recentrent alors sur la culture de céréales (maïs, blé, soja, orge, sorgho) destinées aux coopératives régionales.
À partir de 2010, la troisième génération nouvellement arrivée, renoue avec la vente directe en lançant une activité de production de gazon en rouleaux sous l’appellation « Les gazons de la Hardt », hommage à ce terroir exigeant qui a façonné le geste et l’esprit de travail au sein de la famille.
Dans la continuité de cet héritage, l’activité s’articule aujourd’hui autour de « Les gazons de la Hardt », ancré l’écosystème local, départemental, et de « Les gazons français », tourné vers une distribution nationale. La ligne directrice demeure simple : choisir des espèces adaptées aux contextes climatiques, soigner la qualité du couvert végétal et préserver la ressource sol — prolongeant, sans emphase, la sobriété et l’attention au vivant qui guident la ferme depuis plus d’un siècle.